Une grande
partie des animes japonais qui sortent chaque saison ne manifestent
que peu d'originalité et comportent beaucoup de fan service.
Certains arrivent tout de même à avoir un bon équilibre entre une
histoire singulière et des situations "cliché" (
Akame ga Kill, Steins
Gate ...) mais beaucoup ne font
que plagier d'autres animes en accentuant les caractéristiques « fan
service » (Guilty Crown,
Umineko no naku koro ni,
…). Lorsque j'ai vu le trailer de junketsu no Maria,
j'ai tout de suite pensé que l'anime appartenait à la deuxième
catégorie que je trouve parfois insultante pour le spectateur. Mais
quelle heureuse surprise furent ces quelques douze épisodes !
Inspirée à la fois de Jeanne d'arc et de la vierge Marie, la sorcière Maria n'hésite pas à apporter ses soins aux habitants du village voisin et s'oppose sans cesse aux batailles franco-anglaises de Normandie lors la guerre de cent ans. Mais en cherchant à imposer ainsi la paix, la jeune pucelle s’attire les foudres des militaires et des religieux et l'archange Michel lui-même lance une malédiction qui
relie la magie de la jeune sorcière à sa virginité, un talon d'Achille que certains hommes perfides
s'empresseront d'exploiter. De plus, les congénères de la sorcière lui reprochent son entêtement à stopper les batailles et ne voient dans ces conflits que la manifestation prosaïque de l'instinct des hommes à défendre leur territoire, une vérité que Maria, après avoir souffert de leur méchanceté, finira par admettre en se retirant de la sorcellerie pour une vie paisible et familiale.
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Maria est capturée puis conspuée par les villageois, eux-mêmes influencés par les religieux et les soldats. |
Grâce
au fan service ecchi (quelque
peu érotique) autour de Maria et de ses compagnons, on s'attache
rapidement à ces personnages et c'est cette empathie qui nous fais
frissonner lorsque la sorcière se trouve en mauvaise posture. Face à
cette tendresse soutenue par un chara-design
tout en rondeur, les militaires et religieux paraissent encore plus
méchants et cupides mais ne nous y trompons pas, le récit nous amène
justement à prendre du recul : la plupart des soldats ne font
que leur devoir et les préoccupations des religieux ne sont guère
éloignées de celles de la sorcière. Défendre la paix implique de faire la guerre et tant qu'il y aura des hommes, il y aura la guerre. Le dieu celte Cernunnos a bien prévenu Maria :
"Que cela te plaise ou non, les hommes font la guerre et meurent. Le temps que tu changes le monde, des vies s'éteindront. Et lorsqu'une nouvelle vie émergera, la guerre recommencera. Toute entreprise est vaine."
Bien que l'histoire soit au premier abord naïve et peu originale,
la direction artistique et la manière avec laquelle le récit expose un questionnement philosophique font de cet anime une œuvre unique et remarquable. Plein de tendresse, ce conte est une pamphlet contre la guerre et
prône la victoire de l'amour sur les conflits. L'universalité de
son propos rend cet anime accessible à tous, même à ceux qui ne
sont pas sensibles aux caractéristiques ecchi mises en avant
dans les premiers épisodes. D'ailleurs, pour en revenir au "fan service", j'aime beaucoup les animes et les films qui affichent une image commerciale séduisante et "cliché" pour attirer le public et qui nous offrent en prime un véritable regard sur le monde ; l'effet de surprise ressenti par le spectateur renforce l'intensité du propos.
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Joseph, Maria et l"enfant insufflé à la jeune pucelle par l'archange Michel, une fin qui illustre bien l'éternel recommencement décrit par Cernunnos. |
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